Patrice Roy pousse Geneviève Guilbault dans ses retranchements dans une entrevue tendue
La ministre des Transports s'est fait brasser au Téléjournal
Un échange plutôt tendu a eu lieu entre l'animateur Patrice Roy et la ministre Geneviève Guilbault.
Le gouvernement Legault a annoncé jeudi qu'il s'engageait à déployer la première phrase d'un réseau de tramway à Québec, mais aussi, à construire un troisième lien autoroutier entre Québec et Lévis.
Alors que plusieurs Québécois et Québécoises croyaient que la saga du troisième lien appartenait désormais au passé, l'annonce du gouvernement Legault semble diviser une partie de la population.
Bien que le rapport commandé à la Caisse de dépôt a conclu que « l’ajout d’un lien interrives à l’est aurait pour effet de déplacer la congestion » et que celui-ci pourrait même mener à « une hausse importante de la congestion sur le réseau routier », le gouvernement Legault a défendu sa décision de construire un troisième lien «Pour des raisons de sécurité économique».
La ministre des Transports et de la mobilité durable, Geneviève Guilbault, a expliqué: «Imaginez si un jour il arrivait quelque chose ? Il n’y a personne qui peut prévoir l’imprévu. On n’est pas à l’abri qu’un jour il se passe quelque chose sur l’un des deux ponts et qu’on doive le fermer.»
L'animateur Patrice Roy a justement questionné la ministre Geneviève Guilbault en lui faisant remarquer que le gouvernement Legault semble avoir sorti un lapin de son chapeau: «En avril 2023, quand vous faites votre conférence de presse avec vos cartables, vous dites: "Y a pas d'achalandage qui justifie le tunnel. On met les freins. On ne fera plus de tunnel." [...] Et on vous pose la question pendant la conférence de presse. On vous dit: "Oui, mais le pont Pierre-Laporte, qu'arrive-t-il?" Et vous répondez: "Ça va très bien. On l'entretient. Pendant plusieurs décennies, ça va bien aller." Cette idée qu'il faut dédoubler le pont est nouvelle. Elle est totalement nouvelle dans le débat. C'est comme le nouvel argument que vous amenez pour construire votre pont.»
De toute évidence, la ministre Geneviève Guilbault redoutait une telle question, mais elle avait aussi une réponse toute préparée pour l'occasion: «[L'idée de dédoubler le pont] n'est pas nouvelle, dans le sens ou même l'an dernier, je me rappelle que ça avait été évoqué et si vous regardez les 8000 pages de l'étude qui est sur le site Internet du ministère, ça a été évoqué à d'autres reprises par d'autres personnes.»
La ministre a poursuivi en ajoutant: «Il y a le chapitre 7 du rapport du CDPQ Infra qui aborde la question du nouveau lien interrives et qui en parle à nouveau et qui rappelle à quel point l'inquiétude est répandue.»
Selon la ministre, la majorité de la population souhaite obtenir un troisième lien: «Quand on regarde la consultation qu'on a faite auprès des gens, plus de 80 % disent que ça nous prendrait un nouveau lien interrives.»
En ce qui concerne l'achalandage, la ministre a reconnu qu'une diminution du trafic avait été constatée pendant la pandémie: «Il faut dire aussi qu'on sortait d'une pandémie et depuis la pandémie, quand on regarde les débits sur le pont, on est en train de retrouver le débit de la prépandémie et même de le dépasser.»
La ministre a conclu en déclarant: «Alors oui, le pont Pierre-Laporte, vous avez parfaitement raison de dire qu'il est sécuritaire. Je l'ai dit à l'époque et je le réitère, on fait beaucoup de travaux, on change les suspensions, on l'entretient. Le pont de Québec, on n'en est pas propriétaire. On n'a pas de contrôle direct dessus. On va devoir changer le tablier, ce qui fait en sorte qu'en 2026, les deux ponts vont être fermés en même temps. On va coordonner au maximum les entraves. [...] D'après moi, ça va en convaincre d'autres qu'on a besoin d'un nouveau lien.»